Les perspectives offertes par le SAGE

Association "De l'eau l'hiver !"

Le Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux "Sèvre Niortaise et Marais Poitevin" est un document de planification relevant de la loi sur l'eau de 1992. A l'issue d'une phase d'enquête publique, le SAGE a été approvué le 29 avril 2011 par arrêté préfectoral.

Au cours de l'enqupete publique, l'association déposera un avis motivé au commissaires enquêteurs en charge de la procédure d'enquête publique, afin de promouvoir une refondation des principes actuels sur la gestion des niveaux d'eau en marais mouillé. Nous réitérons ces principes ci-après..

Les documents du SAGE SNMP sont téléchargeables sur le site de l'IIBSN (http://www.sevre-niortaise.fr).

Les premiers principes d'une gestion alternative

Association "De l'eau l'hiver !"

Mieux prendre en compte les besoins écologiques et humains au regard du milieu : pour une autre définition des cotes de niveau

Le règlement d'eau et la convention Etat / Union des Marais Mouillés, fondateurs de la gestion actuelle des cotes de niveau, ne répondent donc qu'imparfaitement aux besoins écologiques ressentis par le milieu naturel ainsi qu'aux usages humains. Au-delà de cette critique, notre association revendique une réelle force de proposition, dans le but d'alimenter un débat que nous jugeons nécessaire et urgent quant à la gestion actuelle des eaux. Nous nous appuierons donc sur une étude résultant du travail de plusieurs associations, qui fût animé par la Coordination pour la Défense du Marais Poitevin à laquelle nous adhérons depuis 2010, et qui formule plusieurs propositions.

Pour de nouveaux principes de gestion des niveaux

Les premières propositions que nous pouvons formuler à l'heure actuelle reposent sur un principe central, l'établissement de cotes de niveau au moins égales en hiver par rapport à la saison estivale, en contradiction avec le règlement d'eau actuel, et ceci pour favoriser un cycle plus naturel de l'eau au sein du marais et plus conforme aux besoins ressentis par ses usagers. Ce principe trouve d'ores et déjà un écho favorable parmis certains acteurs, comme nous avons pu le découvrir dans l'actualité récente (associations de protection de la nature et de l'environnement, certains agriculteurs, acteurs touristiques...).

Un second principe serait d'accumuler les eaux d'automne du bassin versant dans le marais à partir du niveau de fin d'étiage, afin que ce dernier puisse remplir son rôle d'épurateur naturel. A titre d'exemple, l'intérêt est majeur pour les activités conchylicoles de la baie de l'Aiguillon, sensibles aux pollutions des eaux. Par ailleurs, favoriser la mise en eau des zones basses dès l'automne contribuerait à attirer de nombreux oiseaux d'eau, et contribuerait également à la reproduction de certaines espèces d'amphibiens. En hiver, des niveaux suffisamment élevés contribueraient par ailleurs à limiter certaines espèces de plantes invasives terrestres, et favoriserait la constitution de lieux d'habitat naturel pour l'avifaune hivernante et migrante.

Par ailleurs, un niveau d'hiver supérieur au niveau de printemps et d'été permettrait de maintenir en eau les parties les plus basses jusqu'au début de niveau d'étiage. Le niveau printanier pourrait être établi fin mars / début avril, sur la base d'un compromis entre nécessités du milieu en temps que richesse biologique et activités agricoles en marais mouillé, en prenant en compte le fait d'une réelle nécessité d'une remise en question de certaines pratiques agricoles actuelles, comme l'agriculture céréalière. Il semble évident que celle-ci s'avère en contradiction avec la préservation d'une zone humide telle que le marais mouillé. Par ailleurs, un niveau d'hiver au moins aussi élevé que le niveau d'été permettrait d'éviter un prélèvement d'eau important pour le remplissage des biefs lors du passage au niveau d'été, ce que la gestion actuelle encourage.

Au-delà de ces principes, plusieurs autres dispositions pourraient renforcer l'idée d'une gestion plus cohérente avec le milieu. Ainsi, l'établissement de nouvelles cotes pourrait reposer sur la conservation de niveaux printaniers jusqu'en mi-juillet pour permettre aux têtards, larves d'insectes et alevins de se développer dans le réseau des fossés de faible profondeur, très vulnérables à l'assèchement. Des cotes de niveau importantes au printemps et au début de l'été permettraient de limiter les tassements du sol organique, et permettraient également de constituer des pâturages très favorables à l'élevage en fin d'été. Un Intérêt majeur de niveaux printaniers élevés réside dans la richesse biologique engendrée. Ainsi, le marais constituerait une étape de migration pour de nombreuses espèces d'oiseaux, assurant ainsi leur reproduction, tandis que ces zones vertes représenteraient une forte attractivité pour le bétail l'été. Le maintient de niveaux d'eau élevé au printemps favoriserait également l'alimentation hydrique estivale en marais desséché.

La télégestion : un outil à renforcer aux vues des besoins

Nous souhaitons ici évoquer un dernier point, celui de la télégestion, pilotant actuellement les ouvrages hydrauliques du marais mouillé au regard des dispositions du règlement d'eau. La télégestion fût mise en place dans le marais au début des années 1990, afin d'améliorer le pilotage des barrages, auparavant assuré manuellement. Il en résulte aujourd'hui une réactivité plus grande dans la gestion des systèmes de retenue d'eau, entraînant une diminution des gaspillages de la ressource grâce à une meilleure réactivité face aux variations des niveaux, et également la diminution des mouvements brutaux des niveaux liés à la gestion manuelle. Cependant, le respect scrupuleux des cotes induites par le règlement d'eau engendre certaines conséquences indésirables pour le milieu naturel. Ainsi, la moindre arrivée d'eau est rapidement chassée via les barrages, provoquant des mouvements d'eau rapides, pouvant induire des dégâts importants sur les berges. Ces conséquences peuvent engendrer des coûts non-négligeables dans l'entretien de ces dernières et les multiples opérations de restaurations dont elles font l'objet.

Dans la mise en cohérence de la gestion des eaux au regard du milieu naturel, une proposition essentielle serait d'éviter les marnages trop rapides et trop amples par les ouvrages hydrauliques. Ainsi, l'on pourrait faire appliquer des débits de décrue à une vitesse inférieure à 5 cm par jour, afin de préserver le milieu. Par ailleurs, l'abaissement généralisé et rapide des niveaux printaniers en vue de la saison estivale serait à proscrire : il existerait alors un réel danger pour les écosystèmes des fossés de faible profondeur, très contributeurs de la biodiversité du milieu (insectes aquatiques, reproduction des amphibiens et poissons). Une autre incohérence dans la gestion actuelle des niveaux relève de la contrainte de variations topographiques importantes sur le réseau hydraulique géré par la DDE en partenariat avec l'Union des Marais Mouillés. Ainsi, l'on relève de fortes différences entre zones basses et hautes, engendrant la gestion des biefs particulièrement difficile, surtout quand ceux-ci couvrent une distance importante. Par conséquent, durant la période estivale, en amont de ces biefs, le niveau d'eau plus important peut entraîner des difficultés dans les usages agricoles, et notamment l'élevage, tandis que leur aval est davantage soumis à des phénomènes de sécheresse. Il serait donc nécessaire de redéfinir des objectifs prioritaires de gestion selon les besoins des usagers et du milieu à l'intérieur de ces zones.

Pour clore cette réflexion sur la mise en place de nouveaux principes de gestion, nous tenons particulièrement à remercier la Coordination pour la Défense du Marais Poitevin pour nous avoir confié ses travaux, dont nous n'avons fait ici qu'en exposer le contenu, pour montrer ainsi qu'il est possible d'adopter une gestion des niveaux plus adaptée en alternative à celle actuellement en cours dans le marais mouillé.