Nos dernières démarches envers la préfecture

Association "De l'eau l'hiver !"

Une demande écrite visant à limiter l'évacuation artificielle de la crue

Le mois de janvier 2010 fût l'occasion pour le marais mouillé d'être sous "l'evail" pendant plusieurs jours, sur les biefs de la Sotterie et des Bourdettes notamment. Nous avons profité de cet événement pour signifier aux gestionnaires de l'eau que de plus en plus d'habitants souhaitaient voir les crues hivernales séjourner plus longuement sur les parcelles du marais, pour ses bienfaits écologiques. A cet effet, nous avons composé une lettre à l'attention de madame la Préfète des Deux-Sèvres aux côtés de la commune du Vanneau-Irleau ayant pris la même initiative. Cette lettre figure ci-dessous, également téléchargeable ; nous avons également réagi très rapidement suite à la réaction de l'unité " Sèvre et Marais " de la nouvelle Direction Départementale des Territoires remplaçant la Direction de l'Equipement depuis le 1er janvier.

En effet, la DDT a consenti à répondre favorablement aux différentes demandes relatives au ralentissement du débit d'évacuation de la crue en relevant les cotes de niveaux définies comme telles dans les règlements d'eau (Convention UMM / Etat et règlement DPF). Ce geste que nous considérons comme un progrès évident n'a malheureusement pas duré longtemps ; de vives protestations émanant du monde agricole et réclamant l'application de la Convention ont provoqué le retour en arrière de la DDT.

Personne ne peut reprocher à la DDT de vouloir appliquer le règlement en vigueur… Nous entendons cependant dénoncer la position intéressée de certains, n'ayant pas hésité à réclamer l'application d'un texte dont le contenu conforte leur hostilité envers la crue hivernale, en toute ignorance du respect des besoins du milieu. A cet égard, nous avons formulé un deuxième courrier auprès de madame la Préfète, que vous pouvez également consulter en bas de cette page (également téléchargeable).

Première lettre envoyée le 5 janvier : demande visant à ralentir l'évacuation de la crue

Madame la Préfète,

Notre projet associatif a pour objectif de promouvoir une meilleure gestion des niveaux d'eau au sein du marais mouillé par la restauration du cycle des crues hivernales, dont la gestion actuelle encourage la disparition. En effet, l'Etat, à travers la Subdivision Sèvre et Marais de la DDEA, opérateur unique de la gestion des niveaux en marais mouillé depuis 1996, applique un cadre réglementaire (règlement d'eau, convention Union des Marais Mouillés/DDE) qui privilégie systématiquement un principe de prévention du risque de crue, en toute ignorance du rôle écologique de cette dernière au sein du marais mouillé. C'est ainsi que la crue provoquée par les récentes précipitations ayant lieu actuellement sur le marais dans certains secteurs, comme la commune du Vanneau, s'évacue très rapidement, an détriment des bienfaits écologiques que ce cycle naturel entraine pourtant sur le milieu. Le phénomène de crue, insuffisamment valorisé au sein du marais, constitue pourtant un élément fondamental du cycle de l'eau, concourant au renouvellement des sols et de la flore, permettant aux espèces piscicoles de se reproduire tel que le brochet, et participant à l'élimination naturelles des facteurs de pollution par épuration naturelle.

Indispensable au maintien de la biodiversité du marais, mais également au maintient de son identité patrimoniale, la régression du phénomène de crue hivernale constitue un vrai danger pour le maintien de la bonne qualité environnementale du territoire. Celui-ci est pourtant reconnu pour sa forte valeur, comme en témoignent plusieurs périmètres et zonages de protection ainsi que les nombreux efforts des acteurs locaux en faveur du marais, y compris l'Etat. Il nous semble donc que la gestion actuelle des niveaux est incohérente avec cette volonté de protection. Afin de remédier à cette situation non-désirée, nous vous demandons donc de modifier de manière exceptionnelle les cotes de niveau des ouvrages hydrauliques du marais fixées par le règlement et la convention, afin de permettre à la crue de s'écouler plus naturellement et de remplir son rôle écologique sur le marais. Par ailleurs, en cohérence avec ce principe, notre association demande une révision rapide des cadres réglementaires actuels afin de rendre compatible les cotes de niveau avec le cycle naturel de l'eau au sein du marais mouillé, dont la crue est une étape essentielle.

Dans l'attente d'une réponse de votre part ainsi que d'une gestion des niveaux plus favorable au cycle de crue par l'Etat dans les prochaines semaines, veuillez agréer, Madame la Préfète, nos salutations les plus distinguées.

L'association "De l'eau l'hiver !"

Deuxième lettre envoyée le 14 février : réaction suite à la gestion de la crue par l'unité "Sèvre et Marais" de la DDT

Madame la Préfète,

Au titre du courrier que nous vous adressions le 5 janvier dernier, notre projet associatif a pour but de sensibiliser les acteurs de l'eau du marais mouillé à une meilleure gestion des niveaux d'eau, notamment par la restauration du cycle des crues hivernales au titre de son rôle essentiel dans le fonctionnement écologique du milieu. A ce titre, nous vous demandions de prendre des mesures exceptionnelles visant à permettre aux crues hivernales du mois de janvier dernier de s'étendre et perdurer sur le marais mouillé afin de contribuer à la sauvegarde d'un milieu sensible et protégé. Parallèlement, la commune du Vanneau ainsi que l'Union des Marais Mouillé vous adressaient une demande similaire afin que la DDT, au titre de l'Etat, modifie les cotes de niveaux actuellement appliquées par le biais de la Convention UMM/DDT de 1996. N'ayant pas pris connaissance à ce jour d'une réponse de votre part suite à notre demande, nous avons cependant récemment appris que l'unité " Sèvre et Marais " de la DDT avait effectivement modifié la gestion des cotes de niveaux en appliquant les cotes estivales sur le réseau hydraulique du marais, plus hautes que les cotes hivernales définies par la Convention. La DDT avait ainsi admis qu'il s'agissait de ne pas évacuer artificiellement et rapidement les eaux hivernales aux titres des préjudices subis par le milieu, et nous prenons acte de ce réel progrès.

Malheureusement, nous avons également appris que cette inflexion de la part de la DDT n'a duré que le temps d'une courte semaine, celle-ci choisissant de rétablir les cotes hivernales précédemment en vigueur, et cela sous la pression de certains agriculteurs. Ceux-ci ont dénoncé d'une rare violence cette modification des niveaux auprès des acteurs de l'eau, UMM et DDT, les principes de gestion actuels de la Convention leur donnant malheureusement raison. Nous constatons ainsi amèrement que certains n'hésitent pas à faire entendre leurs intérêts au détriment d'une gestion des niveaux d'eau plus cohérente avec les besoins écologiques du marais, et méprisant la voix de nombreux habitants et élus locaux que la DDT avait pourtant choisi de prendre en compte. Dans ce contexte, nous souhaiterions vivement que, avec la perspective de l'application du futur SAGE Sèvre Niortaise et Marais Poitevin, l'Etat se montre impartial et garant de l'intérêt général quant à la révision prévue des cadres réglementaires existants (Règlement du DPF et Convention UMM/DDT). Nous souhaitons ainsi voir émerger de nouveaux principes de gestion des niveaux plus respectueux de l'environnement du marais et ne survalorisant pas quelques intérêts particuliers.

Dans l'attente d'une réponse de votre part, veuillez agréer, Madame la Préfète, nos salutations les plus distinguées.

L'association "De l'eau l'hiver !"